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En 2050, plus de 6,4 milliards d’êtres humains, soit 66% de la population, vivra en ville. Dans nos métropoles suffocantes et polluées, quel futur pour les urbains.es ? Les villes, ces gouffres alimentaires insatiables, toujours plus demandeuses de produits bons marchés d’outre-mer, sont un défi majeur pour notre alimentation : comment nourrir une population croissante sans tuer notre planète ? Dans un univers bétonné rempli de fastfoods et nourriture en plastique, comment reconnecter les urbain.e.s à leurs assiettes ? A travers cette balade exploratrice, je me permets de rêver ce matin où, de ville avide et affamée, Bruxelles sera devenue nourricière.
Avril 2050. Vendredi matin, je me réveille au son des oiseaux, une mélodie venue remplacer le trafic urbain des années 2000. Dans la rue, les abeilles bourdonnent, les insectes pollinisent fleurs et plantes qui ornent les pavés. Je sors de chez moi, salue ma voisine, Ilma, qui travaille son petit patelin devant chez elle : après les plans de débétonnisation et d’amélioration des transports publics, la largeur de nos rues, anciennement prévues pour les voitures, est devenue inutile : beaucoup sont, à présent, transformées en petits potagers bordant des pistes cyclables. Ce matin, c’est à mon tour de me rendre dans un immeuble voisin à quelques rues de chez moi pour visiter les ruches du collectif. Installées sur le toit de l’immeuble au milieu d’un jardin floral, elles produisent du miel pour les habitant.e.s du quartier. Ce rucher, c’est à la fois un point de production, d’apprentissage et d’échange entre voisin.es. Grâce au nombre croissant de toits verts et rues débétonnisées, la biodiversité et les insectes sont revenus en ville et les ruchers collectifs bourgeonnent à Bruxelles.1
11 heures. J’ai rendez-vous au verger du cinquantenaire avec une amie. Je passe par la Porte de Hal. Comme chaque vendredi, se tient l’atelier « cuisine ouverte » où des habitant.e.s de chaque commune se retrouvent pour cuisiner ensemble les produits de leurs potagers. Sous les tentes installées pour l’occasion, une bonne odeur de menthe, romarin et épinards fraîchement cueillis, vient chatouiller mes narines. Je remonte le boulevard de Waterloo à pied. Depuis quelques années, la petite ceinture est devenue une ceinture verte dans laquelle la ville de Bruxelles offre un terrain pour l’expérimentation et le tâtonnement potager : permaculture, techniques sans labour, jardin-forêt ainsi que la production de semences de terroir.
En chemin, je grapille un bout de pain au levain. Tout frais de ce matin, il est encore tiède et croustillant. Depuis ses débuts, cette boulangerie a pris l’initiative de proposer des prix libres différenciés pour être accessible à tous les budget.2 Cette politique de prix libres reflète plus largement un tournant sociétal visant à concilier les piliers sociaux et durables de notre alimentation.
Rue Béliard. Je passe devant une école primaire. Les voix des enfants dehors pour la pause déjeuner attirent mon attention. Je les observe courir dans le grand jardin qui leur sert de cour de récréation. Ils se cachent entre les plans de haricots, la serre et le poulailler. Ici aussi, la nourriture n’est plus cette commodité qui arrive dans des sacs en plastique mais une matière vivante qui fait partie intégrante de la vie à l’école. Semer, piquer, arroser, observer, désherber, récolter, cuisiner et composter s’inscrivent aux côtés des heures dédiés aux mathématiques et aux langues. Deux fois par mois, les élèves se rendent également en tram dans les fermes aux alentours de Bruxelles pour donner un coup de main aux paysan.ne.s et ramener les ingrédients qu’ils.elles utiliseront pour leur cantine. Dans ces écoles vertes, les enfants grandissent et font grandir, ils apprennent autant les mains dans la terre qu’avec un stylo entre les doigts.
Parc du Cinquantenaire. Je retire mes chaussures et m’installe sous les arbres du verger. Maria me rejoint pour préparer l’agenda de la réunion mensuelle de la coopérative de laquelle nous sommes membres. CoopérActive est un magasin géré par un groupe d’achat citoyen où les décisions, l’organisation et la répartition du travail sont organisées par et pour les citoyen.ne.s. Toutes et tous, nous participons aux choix des produits que nous sourçons dans les alentours mais également au bon entretien du magasin.3 Plus loin, les enfants jouent sous les arbres, dont ils récolteront les fruits à l’été.
En ce matin d’avril 2050, le ciel est d’un bleu clair sans pollution, un bleu porteur d’espoir.
Rédactrice : Laëtitia Deletroz