18 décembre 2024
Face aux multiples crises, votre solidarité est plus que jamais essentielle
Lire la suite9 avril 2024
En Ethiopie où une large partie de la population souffre de malnutrition, des organisations de la société civile ont élaboré une proposition de politique en faveur d’un système alimentaire durable. Retour avec le coordinateur des programmes de Humundi en Ethiopie sur une tentative d’amélioration du cadre politique.
En Ethiopie, beaucoup de personnes souffrent de la faim car il y a en permanence des pénuries alimentaires. Cela est parfois dû à des causes naturelles, comme la sécheresse et, d’autres fois, c’est une question de politique. Celles mises en place actuellement en Ethiopie sont fragmentées et ne peuvent assurer ni la souveraineté alimentaire ni un système alimentaire durable. De plus, notre système agricole est dans un état très critique. La santé de nos sols est en déclin à cause de la surexploitation et de mauvaises pratiques agricoles telles que l’utilisation de produits chimiques sur les champs.
A cause de cela, nos productions ne sont pas suffisantes pour nourrir la population. Un grand nombre de personnes souffrent de différentes formes de malnutrition. Par exemple, les taux de retard de croissance, d’émaciation et d’insuffisance pondérale chez les enfants sont très élevés.
Il est vraiment important de surmonter ces défis et permettre à notre peuple de se nourrir tout en rendant notre système agricole durable. C’est pourquoi il a été décidé de proposer une politique globale de système alimentaire durable pour le pays.
Il s’agit d’une initiative de l’ONG Melca Ethiopia en partenariat avec diverses organisations de la société
civile, telles que PELUM-Ethiopia et ERSHA, qui sont aussi des partenaires de Humundi. Dans ce travail, ils ont impliqué des professionnels de terrain et de nombreux experts issus de plusieurs ministères et institutions, dont le Ministère de l’agriculture, le Ministère de la santé ou encore l’Institut de recherche agricole. Enfin, des membres du Parlement sont aussi impliqués dans les réflexions. Il s’agit donc d’un travail commun pour identifier les problèmes actuels et élaborer ce projet de politique.
Les initiateurs de ce document sont convaincus de la nécessité d’une politique alimentaire globale qui puisse aider à garantir la durabilité en améliorant la santé des sols, en préservant la biodiversité et en adoptant toutes sortes de mesures de stabilité.
L’objectif est de parvenir à un système agricole économiquement viable, écologiquement sûr et socialement inclusif : un système dans lequel les sols seraient enrichis et la biodiversité préservée tout en répondant aux besoins des groupes sociaux marginalisés, grâce à une transition agro-écologique et à un système alimentaire global et durable dans lequel tous les citoyens auraient droit à une alimentation saine.
Ce travail a commencé par une analyse profonde des politiques manquantes et existantes en termes d’alimentation. L’analyse se base sur la Constitution du pays, la politique de gestion de l’environnement, la politique de santé, la politique agricole et d’autres documents pertinents.
Cette analyse a permis de comprendre que tout était très fragmenté. Par exemple, les politiques agricoles ne prennent pas en compte les politiques environnementales, la politique de santé et de nutrition n’est pas bien coordonnée avec la politique de développement agricole etc. L’initiative consiste donc à proposer un projet de politique alimentaire globale.
Pour que cette politique soit ratifiée, il y a une procédure à suivre. Elle doit être soumise à un organisme responsable qui l’examine et la porte à l’attention du gouvernement. Les initiateurs de ce projet en sont là : ils ont entamé les négociations au niveau ministériel. Si ces discussions se déroulent bien, le document sera porté à l’attention du Conseil des ministres, qui devra alors prendre une décision : approuver le document tel quel, l’harmoniser avec des politiques déjà existantes ou le rejeter.
Ce document est porté par plusieurs instances : des experts venus de plusieurs ministères, des institutions nationales, des organisations de la société civile et même des membres de la Chambre des Représentants. C’est un panel très large et la proposition devrait être acceptée, si ce n’est totalement, au moins en partie.
Les initiateurs de ce document espèrent que ces préoccupations seront prises en compte pour être intégrées aux politiques éthiopiennes. Ils sont réellement convaincus par les idées avancées.
Oui, je pense que ce serait une grande avancée parce que cette proposition répond à de nombreux problèmes. Il devient de plus en plus urgent d’agir pour éviter les pénuries alimentaires, se doter d’un système agricole durable et obtenir une réelle souveraineté alimentaire.
Rédactrice : Ophélie Michelet
LISEZ LE NUMERO COMPLET