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20 juin 2022

Plus de conditions pour importer en Europe

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Le 13 juin dernier, les ministres européens de l’agriculture discuteront des « mesures miroirs ». Le principe des mesures miroirs est d’interdire l’importation de denrées alimentaires produites avec le recours de substances ou de pratiques interdites dans l’UE. En effet, aujourd’hui, peu est mis en place pour contrôler la méthode de production des produits importés en Europe car toutes les normes européennes en matière sanitaire et environnementale ne s’appliquent pas automatiquement aux partenaires commerciaux de l’UE.

Pourtant, Il serait logique que lorsqu’on achète un produit agricole en Europe, on ait l’assurance que son lieu de production n’implique pas des méthodes de production différentes en termes d’usage de pesticides, d’antibitiotiques ou de bien-être animal. L’introduction de ces mesures miroirs pourrait ainsi apporter cette certitude aux consommateurs et consommatrices, à condition qu’elles fassent l’objet d’un contrôle dans leur mise en œuvre. Cela aurait aussi un impact positif pour les agriculteurs et agricultrices européen∙ne∙s puisque le niveau d’exigence serait le même pour tous les produits agricoles disponibles sur le territoire européen, qu’ils aient été produits au sein de l’UE ou importés de l’étranger. Les mesures miroirs seraient donc un moyen de réduire la concurrence déloyale entre les productions et les importations européennes.

Suite à la demande de la société civile et au récent rapport de la Commission européenne qui confirme la faisabilité juridique d’instaurer des mesures miroirs[1], les ministres européens de l’agriculture devront dire s’ils soutiennent ou pas ces mesures.

« Certes, les mesures miroirs sont à l’agenda de la rencontre européenne des ministres mais le rapport de la Commission omet un point essentiel : il faut aujourd’hui réduire les résidus de pesticides dans nos importations mais aussi interdire les exportations de pesticides qui ne sont pas autorisés par la législation européenne » commente Renaud Vivien, coordinateur du Service politique de l’ONG Entraide et Fraternité.

Rappelons que L’UE exporte chaque année vers des pays tiers plusieurs milliers de tonnes de pesticides toxiques produits dans l’UE mais dont l’usage n’y est pas autorisé, des substances que l’on retrouve ensuite dans les produits importés par effet boomerang[2].

En Belgique par exemple, explique Benoît De Waegeneer, coordinateur du Service Information et Plaidoyer chez SOS FAIM, « la multinationale Syngenta produit des néonicotinoïdes, ces produits tueurs d’insectes, notamment les abeilles. Ils sont aujourd’hui dans leur majorité non autorisés à l’usage en Europe, mais en Belgique, à Seneffe, se trouve la plus grosse usine européenne de Syngenta, le principal exportateur des néonicotinoïdes, qui y produit un néonicotinoïde interdit dans l’UE depuis des années ».[3]

Sur la question des pesticides, la France est un exemple à suivre : elle interdit aujourd’hui l’exportation de pesticides non autorisés au sein de l’UE. La Belgique pourrait facilement lui emboiter le pas.

SOS Faim et Entraide et Fraternité demandent à la Belgique de plaider à la fois pour des mesures miroirs incluant les pesticides et pour des mesures interdisant aux entreprises basées en Europe d’exporter des pesticides non autorisés par la législation européenne. Nos organisations demandent également la fin des dérogations nationales qui minent le droit européen en matière d’utilisation des pesticides.

En savoir plus sur le sujet ? 
Consultez cette analyse  de l’ONG Entraide et fraternité.