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Ces dernières décennies ont révélé la dangerosité d’agent infectieux circulant de continent en continent. En 2003, la grippe aviaire, en 2009 la grippe H1N1. En 2020, la crise du Covid-19 remet sur le devant de la scène la nécessité de mieux comprendre les sources de ces pandémies mondiales pour pouvoir les anticiper. Au centre des préoccupations se trouve le fait que ces agents infectieux circulent à travers les pays mais, surtout, à travers les espèces vivantes.
Ces observations, pas nouvelles, vont faire émerger le concept « One Health » (« une seule santé ») au début des années 2000, résultat d’une alliance entre trois branches de l’ONU (OMS, FAO, OMSA). Ce concept a pour objectif principal l’amélioration de la santé et du bien-être des populations humaines et animales dans leur environnement et invite les disciplines des sciences du vivant (biologie, médecine, agronomie, anthropologie, etc.) à travailler ensemble. En théorisant une santé « unique » entre composantes vivantes, l’objectif est de pouvoir davantage prévenir les risques liés à leur relation.
Le concept sera rapidement diffusé et approprié de manière différenciée selon les enjeux locaux à travers le monde, parfois avec quelques difficultés. En Afrique, par exemple, bien que plusieurs organisations aient été développées suite à l’instauration du concept et que des modules dans des écoles doctorales aient été intégrés au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Tanzanie en 2016, le décloisonnement entre les différentes disciplines reste difficile.
Ce concept permet pourtant de prendre de la hauteur, il met en avant la nécessité de ne plus considérer les différentes composantes naturelles sur Terre de manière isolée.
One Health invite l’humain à repenser son comportement vis-à-vis des espaces naturels qu’il transforme et aussi vis-à-vis du monde animal. Et particulièrement des animaux d’élevage. En termes de risque sanitaire les élevages intensifs sont problématiques à différents niveaux.
D’abord ces élevages intensifs nécessitent des techniques et infrastructures qui ont un impact sur la transformation des écosystèmes dont ils déstabilisent les populations. Pour produire assez de céréales pour nourrir ces animaux, il faut adopter des modèles agricoles très productivistes, organiser de grands espaces en monoculture et cela passe par la destruction d’espaces naturels, notamment en déforestant. Selon la FAO, l’agriculture industrielle est à l’origine de 50% de la déforestation mondiale.
La déforestation engendre la destruction des habitats et, par conséquent, un déplacement des populations animales. Cela donne lieu à de nouvelles rencontres entre espèces. Dans la rencontre, les espèces se transmettent de nouveaux germes face auxquels aucune immunité n’avait pu être développée. Ensuite les élevages intensifs sont responsables d’un grand nombre d’infection dues à la concentration trop forte des animaux ou bien à des conditions d’hygiéniques catastrophiques.
A l’heure actuelle, ces modèles agricoles uniformisés et productivistes peinent à reconnaitre leur dangerosité.
Dans sa vision systémique, One Health peut donc être mis en lien avec la recherche de modèles agricoles durables. En effet, les modèles agroécologiques valorisent la nécessité d’être plus attentifs aux interdépendances entre espèces pour être mieux intégrés aux territoires, moins destructeurs et adaptés aux limites naturelles. Par la recherche de combinaisons bénéfiques entre espèces végétales, ou par l’(la) (ré)intégration des animaux dans les cultures maraichères.
Il faut également considérer que si les animaux en bonne santé sont garants d’une meilleure « santé unique », ils sont aussi une composante essentielle de la sécurité alimentaire.
On peut espérer que le concept One Health, dans son ambition d’une compréhension plus poussée des interactions entre espèces, sera aussi une invitation à une observation plus sensible et critique des impacts négatifs des modèles agricoles industriels et que cela fera évoluer nos manières de vivre dans nos espaces naturels.
Rédactrice : Adèle Funès