21 novembre 2024
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Directeur de Vétérinaires sans Frontières (VSF).
Burkina Faso
Un élevage durable est basé sur les races locales. Il existe, parmi les bovins élevés au Sahel, des animaux très rustiques qui sont très résistants à la sécheresse. Notre projet ZEPESA, lancé en 2005, avait pour objectif de développer le zébu peul, un bovin de race locale. Nous sommes partis à la recherche de ces bovins, nous avons veillé à leur reproduction, et avons formé les éleveurs pour qu’ils continuent de perpétuer cette race. Jusque-là, les zébus étaient devenus moins performants car ils avaient subi de nombreux métissages. En réhabilitant cette race rustique, les éleveurs se sont rendu compte que la production de viande et de lait avait augmenté.
VSF vient en aide aux petits élevages, qu’ils soient sédentaires ou extensifs. Nous tentons d’injecter de la modernité dans les techniques des éleveurs, par exemple, en promouvant l’utilisation de compléments alimentaires pour les animaux et du carnet vaccinal. Dans de nombreuses localités devenues inaccessibles du fait de l’insécurité notamment dans les zones de transhumance, VSF a pris le relais en mettant en place des services vétérinaires privés de proximité, comme des cliniques et des cabinets vétérinaires et des Agents Communautaires de Santé Animale (ACSA), notamment dans les zones de transhumance.
Oui, à cause de l’instabilité politique et du manque de soutien de l’État. Avec le terrorisme, la peur ne cesse de croître parmi les transhumants : une partie d’entre eux choisit de se sédentariser car leur mode de vie devient trop dangereux pour eux et leur famille. Les vols de bétail se font de plus en plus nombreux, l’accès à des points d’eau et aux pâturages est entravé, les tensions entre agriculteurs et pasteurs augmentent, etc.
Les politiques foncières du Burkina Faso ne sont également pas en faveur du pastoralisme. Nous prônons avant tout le respect des modes de vie. Au Sahel, la population a toujours été en grande partie transhumante mais comme le contexte est incertain, VSF accompagne des éleveurs dans la diversification de leurs activités pour tenter de leur garantir un revenu : agriculture, apiculture, transformation, etc.
Ces activités ne sont pas uniquement proposées aux éleveurs sédentaires mais également aux éleveurs nomades. Nous avons constaté que ces derniers ont au fil du temps adopté des stratégies d’adaptation : par exemple, au sein d’une communauté, les personnes âgées et les femmes ont choisi de rester dans les villages pendant que les jeunes poursuivent l’élevage extensif.
Secrétaire général de l’EGAB, l’Entente des Groupements Associés pour le Développement à la Base.
Sénégal
Les unités pastorales sont vraiment un atout pour les éleveurs. Ces UP sont réservées pour le bétail et permettent de mieux gérer l’espace et de réduire les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs. Les UP garantissent des zones réglementées, sécurisées, où l’eau est disponible grâce aux puits que l’État et nous avons forés. Des couloirs de transhumance ont également été mis en place pour que les éleveurs puissent traverser les zones réservées aux agriculteurs.
Les unités pastorales jouent également un rôle dans la lutte contre la déforestation et la désertification. Il est interdit de couper les arbres dans ces zones. En général, si les pâturages viennent à manquer, les éleveurs vont couper des arbres. Mais EGAB met en place des campagnes de sensibilisation pour qu’il n’y ait pas de surcoupe. Cependant, ce ne sont pas les éleveurs mais les charbonniers qui posent problème car ils sont à l’origine des nombreux feux de brousse qui ravagent les forêts sénégalaises ainsi que les pâturages.
L’élevage pastoral est majoritaire mais on constate une augmentation de la stabulation et donc de la sédentarisation. Pendant les saisons sèches, le bétail fournit moins de lait et les éleveurs ont constaté qu’en restant sur place, la production de lait était plus importante. On constate donc également une augmentation de la culture fourragère. Toutefois, nous défendons le modèle pastoral car il reste le modèle le plus adapté pour l’élevage du bétail : il convient mieux aux fluctuations climatiques et économiques.
Nous devons continuer à sécuriser l’espace pastoral pour contrer la menace de l’agro-business. Nous constatons que les espaces pastoraux sont de plus en plus grignotés. Nous continuons donc de faire en sorte que les zones les plus reculées du Ferlo aient accès à l’eau, nous formons des auxiliaires vétérinaires et construisons des parcs de vaccination, nous effectuons du plaidoyer et des campagnes de sensibilisation pour maintenir la cohésion sociale entre les agriculteurs et les éleveurs.
Rédactrice : Amélie Halleux