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Alors que la vente de pesticides a explosé ces dernières décennies, avec 60% de ventes en plus entre 1990 et 2020, c’est particulièrement le cas dans les pays du Sud global qui enregistrent la plus forte hausse. Or, les pesticides sont responsables chaque année de 11 000 décès dont l’écrasante majorité a lieu dans ces pays dont les capacités de contrôle et d’accompagnement sont plus limitées. La responsabilité de l’Europe en la matière doit cesser.
Parmi ces pesticides, certains sont considérés comme suffisamment dangereux pour la santé et/ou l’environnement pour être interdits d’usage sur le sol européen. Pourtant, en 2018, plus de 81 000 tonnes de pesticides interdits sur notre territoire ont été exportées par l’Union Européenne vers 85 pays dont un certain nombre sont à revenu faible ou intermédiaire. Et, ils ont, là-bas, les mêmes conséquences sur la santé des agriculteur·rice·s et des travailleur·euse·s agricoles et sur l’effondrement de la biodiversité.
En outre, par un effet boomerang, ces pesticides interdits, une fois utilisés dans les cultures de soja, de thé ou de tomates d’Amérique latine, reviennent chez nous, en Europe, sous forme de résidus alimentaires dans les produits importés. Ainsi, sur 5800 échantillons alimentaires analysés, le carbendazime, un pesticide proscrit dans l’UE depuis 2009 en raison de sa forte toxicité pour les humains et de ses graves dangers pour la vie aquatique, a été détecté dans plus de 1600 d’entre eux.
Dans ce commerce toxique, la Belgique occupait un rôle important en tant que principal exportateur européen de néonicotinoïdes interdits, des pesticides hautement nocifs pour les abeilles et la biodiversité. Ces produits étaient fabriqués à Seneffe, en Wallonie, par Syngenta. En 2020, la Belgique a ainsi produit et exporté plus de 4 000 tonnes de pesticides interdits vers les pays du Sud.
Mais grâce à la mobilisation de la société civile et à l’engagement de décideur·euse·s politiques, le 23 juin dernier, la Belgique a voté l’arrêt des exportations de pesticides dangereux et interdits au sein de l’Union européenne. S’il faudra encore plusieurs mois avant l’application concrète de cette mesure, peu nombreux sont les pays européens qui se sont officiellement prononcés contre ce commerce toxique. La victoire est donc à célébrer.
Mais c’est à l’Union européenne, désormais, de faire le pas supplémentaire et essentiel de suivre le même chemin, pour qu’il s’impose à l’ensemble de ses membres.
Rédactrice : Fiona Steyaert
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