18 décembre 2024
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Les semences traditionnelles du monde entier sont menacées : dans un monde marqué par des guerres, des catastrophes naturelles et la privatisation des ressources, il est bon de savoir qu’il existe, tant au Nord qu’au Sud du monde, des « Arches de Noé végétales » prêtes à nous sauver la mise.
2006, Norvège. Sur l’ile du Spitzberg prenait forme ce qui est devenue, en 2008, la Réserve mondiale de semences du Svalbard : une banque de graines souterraine abritant plus de 983 000 échantillons. Issues des centres de recherche agricole des quatre coins du monde, les graines sont conditionnées et acheminées vers la chambre forte où, grâce à un climat et une géologie uniques dans leur genre, elles se conservent parfaitement dans le flanc d’une montagne à 120 mètres de profondeur et à -18 degrés. Dans une telle situation la chambre forte, qui a une capacité de 4,5 millions de graines, pourrait préserver les semences de la plupart des cultures alimentaires pendant des centaines, même milliers d’années.
En réalité, les stocks du Svalbard ne vieilliront jamais autant. C’est à cette banque que les chercheurs font appel lorsque les stocks de leurs dépôts diminuent, vieillissent ou se dégradent : en replantant des graines du Svalbard, les chercheurs renouvellent non seulement leur stock mais aussi celui du Svalbard, qui fait ainsi régulièrement peau neuve.
À l’autre bout du monde, en Éthiopie, la plus grande collection de semence en Afrique subsaharienne se cache dans un immeuble de bureaux quelconque de l’Institut Éthiopien pour la biodiversité (EBI). Actif depuis les années 80, l’EBI compte aujourd’hui plus de 62 000 variétés de plantes indigènes.
À Addis-Abeba, on croit à la conservation par l’usage (en préservant la diversité pendant qu’on l’utilisé, ce qui fait de l’EBI la première banque de semences vivantes au monde. Contrairement à ce qui se passe en Norvège, ici les semences ne sont pas gardées à l’écart des pressions naturelles mais y sont exposées, dans les champs, afin d’accroître leur capacité d’adaptation et leur résilience.
Cela n’aurait pas été possible sans le savoir-faire des petit·e·s agriculteur·rice·s locaux·ales, qui au fur et à mesure qu’ils amélioraient leurs cultures et cultivaient des nouvelles variétés, stockaient leurs graines dans des grands pichets en argile. Avec le temps, cette pratique a donné vie à des stocks de semences communautaires résilientes telles que le teff, ingrédient phare du pain injera adapté aux déserts comme aux hautes terres montagneuses et les forêts tropicales.
Chaque époque a ses défis : si dans les années 50-60, la Revolution Verte avait mené à la perte de 75% de la diversité des cultures dans les monde, aujourd’hui les cultures subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Dans un monde qui verra sa population atteindre le cap de 9.7 milliards d’ici 2050, la diversité des semences abritées dans ces deux banques assure une alimentation variée et adaptée aux besoins et aux traditions des populations d’aujourd’hui et de demain.
Rédactrice : Dieyenaba Faye
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