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12 décembre 2022

Au Pérou, le Consorcio Agroecológico lutte pour une agriculture sans pesticides

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Au Pérou, en moyenne 2 134 personnes sont empoisonnées par des pesticides chaque année. Le pays souffre d’un manque de contrôle sur ce commerce alors que le nombre de magasins qui en vendent augmente depuis plusieurs années. Le Consorcio Agroecológico Peruano (CAP), partenaire de SOS Faim depuis 2017, se bat auprès des politiques pour favoriser des systèmes alimentaires agroécologiques, plus sains et plus durables. Leur but : offrir à tou.te.s les habitant.e.s du Pérou un accès à une alimentation saine. Cela passe notamment par une réduction de l’utilisation des pesticides sur les champs.

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RÉDUIRE L’UTILISATION DES PESTICIDES : POURQUOI ?

De nombreuses études sont formelles : l’utilisation intempestive de pesticides a des répercussions sur de nombreux éléments : santé, biodiversité, environnement… Sans compter que l’utilisation de produits phytosanitaires provoque une résistance chez les plantes ciblées par ces produits. Par conséquent, il est nécessaire d’en augmenter l’utilisation pour maintenir le même niveau d’efficacité, ce qui entraîne des coûts accrus  pour les agriculteurs.

Autre enjeu : l’abandon des contenants de pesticides aux abords des champs est un problème qui touche tout le pays. Aucun plan de gestion de ce type de déchets n’existe au Pérou. Une fois les produits répandus, les agriculteurs abandonnent donc les récipients dans la nature. Le CAP, qui regroupe divers acteurs de la société civile tels que des agriculteurs, des consommateurs, des réseaux d’ONG, a fait de cette problématique un de ses chevaux de bataille.

AU PÉROU, DIFFICILE DE S’EN PASSER

Au Pérou, les petits et moyens agriculteurs sont les plus gros utilisateurs de pesticides. Il est extrêmement facile de se procurer des pesticides de tous genres dans le pays : le nombre de lieux de vente a augmenté ces dernières années et 80% d’entre eux acceptent de vendre les produits les plus dangereux et toxiques sans aucun contrôle. En moyenne, les ventes de pesticides ont augmenté de 150% ces 10 dernières années.

Ils sont vendus comme étant des produits servant à protéger les parcelles agricoles de toutes sortes d’organismes présumés nuisibles : insectes, champignons, mauvaises herbes, … Difficile alors pour certains de passer à côté : la dépendance à ces produits est d’autant plus forte lorsqu’on travaille dans un système agricole qui prône le rendement et la productivité à tout prix.

PLAIDOYER ET SENSIBILISATION AU MENU DES ACTIVITÉS MENÉES PAR LE CAP

Le CAP préconise un autre modèle agricole, plus soucieux du vivant et de la nature. Le consortium développe ainsi des campagnes de plaidoyer et d’information dans le but de faire réduire l’utilisation des pesticides sur les champs péruviens. Il a d’ailleurs établi plusieurs propositions politiques en ce sens : retirer les pesticides les plus dangereux du marché péruvien, promouvoir l’utilisation d’intrants biologiques, établir un plan de  réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires à l’échelle nationale,…

En matière de sensibilisation, pour parer à l’abandon des récipients des pesticides aux abords des champs, le CAP a réalisé plusieurs campagnes de collecte de ces contenants. Divers acteurs ont participé à ces actions, qui ont eu lieu dans différentes régions du pays. Munis de masques et de gants, agriculteurs, étudiants et membres d’ONG, d’institutions publiques et privées ont collecté les récipients abandonnés au bord des champs, afin d’en faire un recensement, avant de trier et jeter ces déchets. Lors d’une de ces collectes, 319 récipients ont été trouvés sur une surface de 12 hectares, soit en moyenne 26 déchets par hectare.

« Seuls 20% des conteneurs contenant des pesticides sont collectés dans les champs agricoles de notre pays. »
Luis Gomero, président du CAP

TOUS ACTEURS D’UNE ALIMENTATION SAINE

Les participants ont ainsi pu découvrir, sur le terrain, les problèmes générés par l’abandon de bouteilles de pesticides sur les champs. A plus large échelle, l’objectif de cet  évènement était de rendre visibles les impacts environnementaux et sanitaires générés par l’utilisation abusive de pesticides. C’est aussi un espace de dialogue qui s’est créé lors de cette action : chaque participant et les organisateurs ont pu discuter du rôle que jouent les agriculteurs et les consommateurs pour garantir la qualité des aliments produits et ont pu échanger sur des solutions alternatives pour faire face à l’utilisation abusive de pesticides.

Bien que la population soit sensible à ce sujet, le problème perdure. Le Consorcio Agroecológico Peruano continue de lutter contre l’importation, la vente et l’utilisation de pesticides. Le chemin est encore long mais le message semble se faire de plus en plus entendre. Le CAP tente d’implémenter de bonnes pratiques pour un usage sûr et  raisonnable des produits agrochimiques avant, comme ils l’espèrent, une suppression totale de ces produits au Pérou.

Rédactrice : Ophélie Michelet

Cet article est tiré du Supporterres de décembre 2022 « Interdits ici. Exportés là-bas. Mortels partout »