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9 avril 2024

Au Kenya, le choix du protectionnisme paye

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Le Kenya est le premier consommateur africain de lait par tête, avec un volume annuel de 120 litres par habitant·e – soit le triple de la moyenne continentale. L’industrie laitière se base sur un élevage laitier pâturant, raison pour laquelle, en saison sèche, le pays s’approvisionne auprès des pays voisins pour répondre à ses besoins.

Au début des années 90, notamment grâce à l’intervention de l’Etat, le Kenya est autosuffisant en lait et son industrie laitière parmi les plus modernes d’Afrique : par l’intermédiaire des Laiterie Coopératives du Kenya, l’Etat achetait du lait local et assurait sa transformation ainsi que la commercialisation des produits laitiers dérivés. Suite à la privatisation de l’industrie laitière et à l’ouverture des frontières (avec réduction des droits de douanes), le Kenya devient, en 2001, un pays importateur net : le secteur – qui avait connu une croissance rapide – stagne. Face à la concurrence déloyale représentée par le lait importé, notamment d’Europe et qui est moins cher que le lait local, les producteurs.trices réagissent en créant un consortium : une campagne coordonnée par le Conseil Laitier Kenyan mènera aux premières mesures de protection aboutissant à une baisse des importations de poudre de lait et à une stabilisation des prix. Le Kenya met ainsi fin à une dépendance alimentaire croissante. Cela permet aussi aux populations de continuer à s’approvisionner en lait cru, une importante source de protéines animales.

Aujourd’hui, non seulement le Kenya est le premier producteur de lait en Afrique mais il vise aussi à doubler l’offre locale d’ici 2030 – la menant ainsi à 12 milliards de litres. La stratégie du pays repose, notamment, sur la mise en place d’usines de transformation de lait cru dans les comtés de Narok (qui bénéficierait de la production de plus de 300 coopératives laitières et créerait plus de 1200 emplois dans la région), Baringo et Kericho. Les ambitions du Gouvernement se heurtent néanmoins à plusieurs défis – notamment les effets du changement climatique (l’alternance de périodes de sècheresses et d’inondations), des pertes importantes après collecte, le faible rendement des races actuelles et le manque d’infrastructures de commercialisation. Mais ce qui est bien commencé est à moitié fait : en misant sur le potentiel de développement de la filière, la Kenya contribue à améliorer les moyens de subsistance de 1.8 million de ménages ruraux, à générer 700 000 emplois dans la chaine de valeur tout en approvisionnant les marchés locaux – le meilleur reste à venir.

Rédactrice : Dieyenaba Faye

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