13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite7 septembre 2022
Fin août, notre équipe a reçu en Belgique une délégation de la Convention nationale agro-péruvienne (CONVEAGRO). L’objectif de cette visite était de connaitre des expériences de coopératives agricoles belges, mais aussi de rencontrer des décideurs européens pour faire entendre leurs revendications.
CONVEAGRO est une coupole nationale péruvienne regroupant des organisations de la société civile impliquées dans le secteur agricole: fédérations agricoles, associations de producteurs, institutions de recherche, etc. Au total, elle représente 850.000 membres dont en particulier des familles rurales et paysannes.
Partenaire de SOS Faim depuis 2011, le travail de CONVEAGRO repose essentiellement sur la défense et la promotion de politiques publiques pour le développement durable et l’agriculture paysanne. Notre partenaire est aujourd’hui devenu un interlocuteur incontournable de l’État péruvien et a su influer sur les décisions politiques, faisant approuver, ces dernières années, de nombreuses lois en faveur de l’agriculture familiale.
La venue de notre partenaire à Bruxelles était une belle occasion d’échanger directement avec les équipes de SOS Faim sur le travail plaidoyer de CONVEAGRO, ses succès politiques et les défis encore à relever pour que les avancées politiques de ces dernières années ne restent pas des intentions politiques et se traduisent par une mise en œuvre effective.
Lors de leur séjour en Belgique, les représentants de CONVEAGRO se sont rendus entre autres chez un éleveur laitier belge de la coopérative agricole Faircoop qui commercialise la marque Fairebel, afin d’en apprendre plus sur le fonctionnement de cette coopérative de commercialisation de lait équitable.
Nos équipes ont rendu possible deux rencontres avec des décideurs européens : la députée écolo Saskia Bricmont (GREENS/EFA GROUP) et une délégation de la Commission européenne en charge des partenariats internationaux, du développement et de l’aide internationale.
La rencontre avec la députée Saskia Bricmont concernait l’Accord de libre-échange conclu en 2012 entre l’UE et Pérou-Colombie- Équateur, qui n’a pas encore été ratifié par la Belgique et qui a des conséquences socio-économiques désastreuses sur les petits producteurs péruviens.
Comme nous l’avions expliqué lors de notre campagne de 2020 pour la non-ratification de cet Accord, depuis la libéralisation des échanges avec le Pérou, les petits producteurs péruviens voient arriver sur leur marché des produits alimentaires européens (pommes de terre, lait, quinoa) qu’ils ne sont pas en mesure de concurrencer.
L’Accord ne favorise que les gros producteurs agroalimentaires européens et péruviens orientés vers les exportations avec un modèle de production industrielle polluant — agriculture intensive, monocultures, utilisation d’intrants chimiques, transport maritime et aérien de marchandises — qui épuise les ressources naturelles.
Au cours de cet échange, CONVEAGRO a exposé ses revendications exhortant la députée européenne de ne pas ratifier l’Accord tant qu’il n’y a pas de mécanismes de protection contre la concurrence déloyale que subissent les petits producteurs péruviens face à l’importation massive de produits européens. La députée Saskia Bricmont s’est montrée à l’écoute et a proposé des pistes pour donner plus de poids à ces revendications au niveau du Parlement européen.
La rencontre avec les membres de la Commission a ouvert un dialogue entre la DG INTPA (unité pêche et systèmes agroalimentaires durables – Amérique du Sud et opérations régionales), SOS Faim et CONVEAGRO afin que les problématiques rencontrées sur le terrain soient mieux prises en compte dans les politiques européennes, notamment de coopération.
CONVEAGRO a pu présenter son travail de plaidoyer, ses revendications politiques, et relancer un échange avec la Commission pour améliorer les politiques de coopération européenne en faveur de l’agriculture familiale et d’une société civile forte au Pérou, ainsi que pour favoriser la cohérence des politiques européennes sur les questions de libre-échange.
Les échanges avec la DG INTPA se poursuivent à l’heure actuelle et plusieurs pistes concrètes de renforcement de la coopération ont déjà été évoquées.