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2 juillet 2019

Bolivie : l’agroforesterie au service des producteurs de café

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Les producteurs de café ont la vie dure en Bolivie. En 2014 et 2015, une attaque massive de rouille (champignon) a mis à mal près de 70% des plants de café de la zone de Caranavi située au Nord de La Paz. Dans ce contexte de crise, l’AOPEB accompagne les producteurs de café à la mise en place de l’agroforesterie en vue d’améliorer leurs conditions de travail et de vie. Reportage au cœur des caféiculteurs auprès des membres de la coopérative Pachamama.

Edgar et Demetrio sont tous deux ingénieurs agronomes, ils accompagnent au nom de l’AOPEB les producteurs de café à intégrer l’agroforesterie dans leurs parcelles.

Supporterres : Quels sont les défis auxquels vous faites face dans votre accompagnement aux producteurs de café ?

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Démétrio : « Les analyses de sol effectuées montrent que le sol est très acide dans la zone, nous devons travailler à rendre le sol plus neutre. Il faut l’amender avec de la chaux pour le rééquilibrer. Sans cela, les plants de café resteront vulnérables à l’attaque des maladies. Au-delà de cette solution technique, nous devons corriger le problème en amont et sélectionner des variétés résistantes. La sélection et l’amélioration génétique pour avoir des variétés pures (souche dont tous les individus sont génétiquement identiques et homozygotes) sont un enjeu pour nous car nous travaillons pour le moment avec des variétés qui sont le fruit d’une pollinisation.

Autre enjeu crucial, doser le niveau d’ombrage au sein de chaque parcelle. Pour s’épanouir dans les meilleures conditions le plant de café doit avoir un niveau d’ombrage entre 20 et 40%. En deçà, les plants de café sont trop exposés au soleil, au-delà il y a un risque accru d’attaques de ravageurs. »

Supporterres : Quel est l’intérêt de l’agroforesterie pour les producteurs de café ?

Edgar : « Un producteur peut être résistant au changement. Il veut comprendre ce qu’il va gagner avec le changement. Au niveau de l’AOPEB, nous sensibilisons à l’intérêt de l’agroforesterie en termes de diversification des revenus et donc de rentabilité financière de l’exploitation. L’agroforesterie permet d’introduire des cultures vivrières à court terme comme le maïs, le haricot ou le piment. L’introduction d’espèces comme le bananier est aussi intéressante pour satisfaire les besoins de la famille ou compléter ses revenus. Une fois qu’il a atteint une certaine taille, le bananier offre aussi un bon niveau d’ombrage, contribue à maintenir une humidité au sol. La décomposition des feuilles maintenues comme couvert végétal au sol participe aussi à l’enrichir. »

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Ana Vera Quispe : « Le café donne une récolte annuelle, l’objectif pour moi serait d’avoir d’autres cultures pour diversifier mes revenus. Nous faisons face à beaucoup de maladies, nous devons identifier les variétés résistantes, pour cela nous avons besoin de l’appui de l’AOPEB. »

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Maritza Quintanilla : « Mon fils et moi avons participé à l’école écologique de l’AOPEB à raison de 3 jours par mois pendant 5 mois. Ce que j’ai surtout aimé, c’est l’approche très pratique de cette école. On apprend directement sur le terrain. J’adhère aussi à la conscientisation que nous avons reçue sur l’impact environnemental de certaines pratiques agricoles comme le brûlis qui détruit toute la vie organique du sol. »

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Mauro Tejerina Quintanilla : « Grâce à l’approche agroforestière, nous avons appris comment nous pouvons associer plusieurs variétés d’arbres compatibles, comme le ceibo, le « cicilus », le cèdre ou encore le « toco colorado » avec nos plants de café. »

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Jahnet Paredes : « J’ai appris à fabriquer des micro-organismes solides. Je laisse fermenter de l’humus avec du sucre puis  j’ajoute de l’eau et je peux ensuite pulvériser mes plants. Cela permet d’activer les micro-organismes du sol et ainsi améliorer sa vie microbiologique. »

EN SAVOIR PLUS

Lire le numéro complet du Supporterres n°8 de juin 2019.