16 avril 2025
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Alors que les crises alimentaires mondiales s’aggravent et que les inégalités s’accentuent, la coopération internationale devrait plus que jamais jouer son rôle pour garantir la sécurité alimentaire. Pourtant, la Belgique semble prendre une direction inverse : baisse des budgets et recentrage stratégique. Avec l’entrée en vigueur de l’accord de gouvernement « Arizona », un changement profond s’opère. Quelles en sont les implications concrètes ? Et surtout, que reste-t-il de l’engagement historique de la Belgique en faveur de la lutte contre la faim ?
Ave ce nouvel accord gouvernemental, la Belgique s’inscrit dans une logique de réduction de l’aide au développement : les budgets chutent de 25 %, la déductibilité fiscale des dons diminue, et l’approche même de la coopération est redéfinie. Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large à l’échelle européenne, où la coopération internationale se transforme en un outil au service des intérêts géostratégiques nationaux. Les politiques d’aide sont désormais orientées vers des « partenariats mutuellement bénéfiques », qui répondent à des priorités telles que le contrôle des flux migratoires, l’accès aux ressources naturelles ou encore le soutien au développement économique des entreprises belges.
Dans son exposé d’orientation générale, le nouveau ministre de la Coopération au développement, Maxime Prévot, définit les grandes lignes de la politique belge pour les quatre années à venir. Trois priorités y sont clairement établies : la santé, le climat, et la paix et la stabilité. Si ces thématiques sont indéniablement cruciales, la lutte contre la faim et l’investissement dans des systèmes alimentaires durables — pourtant essentiels pour relever les défis sanitaires, sociaux et environnementaux à l’échelle mondiale — sont pratiquement absents du document. Les quelques références à ces enjeux n’apparaissent qu’indirectement, à travers la seule entrée climatique, ce qui en limite la portée et la cohérence stratégique.
Interpellé à ce sujet au Parlement, le ministre a toutefois précisé oralement que la transformation des systèmes alimentaires constitue également une priorité de la coopération belge. Une clarification bienvenue, mais reste à voir si cette déclaration se traduira par des engagements concrets dans la note de politique générale attendue pour mai 2025, avec des engagements chiffrés et des mesures concrètes.
Le contexte mondial est sans appel. Le nombre de personnes souffrant de la faim est en constante augmentation. En parallèle, les dysfonctionnements des systèmes alimentaires génèrent de lourdes conséquences sanitaires, sociales et environnementales. Face à ces défis globaux, il est plus que jamais nécessaire de renforcer un coopération internationale cohérente, ambitieuse, et centrée sur les besoins des populations les plus vulnérables.
C’est dans ce contexte que la Coalition Contre la Faim, dont Humundi est un membre actif, appelle à un signal fort du gouvernement. Elle demande au ministre Prévot de s’engager, comme ses prédécesseur·es, à consacrer 15 % de l’aide publique au développement à l’agriculture et à la sécurité alimentaire.
Mais au-delà du financement, c’est l’orientation même de ces investissements qui est en jeu. Nous insistons pour que ces fonds soutiennent la transformation agroécologique des systèmes alimentaires. Une approche transversale qui favorise non seulement la sécurité alimentaire, mais qui contribue aussi à la création d’emplois en milieu rural, à améliorer la nutrition et la santé, à lutter contre le changement climatique et à renforcer la stabilité sociale.
Alors que les défis alimentaires et climatiques deviennent plus urgents, la Belgique semble s’éloigner de sa mission historique de solidarité internationale. Face à cette tendance, les ONG, dont Humundi, restent mobilisées et appellent à une réorientation urgente et ambitieuse des priorités de la coopération belge. La note de politique générale attendue dans les prochaines semaines sera un bon indicateur de la place de la lutte contre la faim dans les priorités de notre nouveau gouvernement.