5 février 2025
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Lire la suite13 décembre 2024
En septembre 2023, et à la surprise de beaucoup dans un contexte politique déjà défavorable, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen annonça dans son discours sur l’état de l’Union un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’Union Européenne.
Au printemps dernier, l’agriculture européenne, ou plutôt la colère des agriculteurs, a été au centre de la campagne électorale européenne du printemps dernier. Pour beaucoup, cette colère sonnait la fin du Green deal et en particulier un certain retour en arrière vis-à-vis d’un idéal de durabilité. Pourtant, le débat politique et institutionnel autour de la durabilité du système alimentaire européen n’est pas mort, loin de là, comme le démontre le rapport final de ce dialogue stratégique, intitulé « Une perspective commune pour l’agriculture et l’alimentation en Europe » et présenté en septembre 2024.
Lancé en janvier 2024, ce dialogue stratégique a rassemblé 29 acteurs des secteurs agroalimentaires européens, de la société civile, des communautés rurales et du monde universitaire afin de parvenir à une compréhension et à une vision communes de l’avenir des systèmes agricoles et alimentaires de l’UE. Il y a des raisons de ce réjouir tant de l’initiative que de son rapport final.
Sur la forme, le dialogue stratégique a défié la tentation du statu quo et montre une Union européenne qui reste dynamique et en mouvement face aux innombrables enjeux auxquels nos systèmes alimentaires doivent faire face. Parmi les 29 membres du dialogue, il convient de souligner des représentants de « Agroecology Europe » et « Via Campesina ». Sur le fond, on peut se réjouir que la vision portée par le rapport est d’une ambition élevée pour la durabilité des systèmes alimentaires européens, ce dès les premières lignes : « D’ici 2035/2040, l’agriculture et les systèmes alimentaires européens sont florissants et respectent les limites planétaires. »
Il faut bien sûr rester prudent et critique. Sur la place des systèmes alimentaires européens dans le monde, le rapport présente l’UE agissant « dans le respect de la souveraineté alimentaire des autres pays » et comme moteur de la « transition mondiale ». Cependant, il peine à cacher les divisions entre tentations protectionnistes et enjeux commerciaux et de compétitivité. Malgréune vision ambitieuse pour l’agriculture européenne, le rapport met en lumière la difficulté à articuler des objectifs voire des intérêts divergents, et la nécessité de faire arbitrages et des compromis.
Enfin, on peut souligner deux grands bémols. Tout d’abord, agir sur les recommandations de ce rapport reste à la discrétion de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui peut choisir de ne rien en faire. Ensuite, cette vision idéale des systèmes alimentaires européens entre en collision avec des développements qui semblent contradictoires : des espèces menacées dont en baisse le niveau de protection pour satisfaire le monde agricole, une diminution attendue du budget de la prochaine politique agricole commune, la conclusion probable du traité commercial UE-Mercosur…
Mais dans le contexte actuel, se permettre d’imaginer un idéal pour les systèmes alimentaires européens est en soi une lueur d’espoir.
Rédactrice : Salima Kempenaer, présidente du Conseil d’administration de Humundi