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13 décembre 2024

Un système alimentaire idéal tout près de chez nous

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Quand Géraldine nous a sollicité.e.s, nous, les volontaires rédacteurs.trices du Supporterres pour imaginer, rêver et créer ensemble le système alimentaire idéal, j’ai immédiatement pensé à un lieu en particulier : la Ferme du Dôrloû à Wodeck.

Le lien perdu entre producteurs et consommateurs

Tout au long de ma carrière, engagée dans l’agriculture biologique, j’ai toujours regretté le fossé qui existe entre le monde agricole et le reste de la société. D’un côté, il y a ceux qui produisent notre nourriture et assurent l’alimentation de nos communautés, et de l’autre, des consommateurs qui attendent, plus ou moins passivement, que leur assiette se remplisse.

J’évoque également l’industrie alimentaire, qui a fait de la nourriture un simple produit de marché, comparable à des industries comme l’armement, le pétrole, la finance, les technologies ou encore la publicité.

L’enjeu de la transmission

Chantal et Freddy, les actuels fermiers et propriétaires de la Ferme du Dôrloû, approchent de l’âge de la retraite et cherchent à céder leur ferme à des repreneurs partageant leurs valeurs et leur engagement envers l’agriculture biologique. Voilà maintenant 11 ans qu’ils recherchent une personne ou un groupe pour prendre la relève, sans succès. Le risque est donc grand que la ferme disparaisse ou soit rachetée par des spéculateurs fonciers, peu soucieux d’une agriculture respectueuse de l’humain et de l’environnement.

Une ferme exemplaire

La ferme, convertie à l’agriculture biologique en 1990 (certifiée par Certisys), s’étend sur une superficie de 30 hectares. Afin d’assurer sa stabilité financière et son autonomie en fourrages, elle a diversifié ses activités : élevage de vaches laitières, de bovins, de truies et porcs d’abattage, de brebis, production de volailles et d’oeufs, cultures fourragères, céréales panifiables, maraîchage et vergers.

Cette diversification est complétée par la transformation des produits sur place et leur commercialisation via divers canaux : un magasin à la ferme, une boucherie et des ventes à l’extérieur à travers des groupements d’achats solidaires (GAS). En parallèle, la ferme propose également un camping, des activités pédagogiques ainsi qu’un service traiteur et un restaurant.

Se mobiliser, faire lien

Freddy et Chantal m’ont sollicité pour les aider à trouver un repreneur. Ce pourrait être l’occasion idéale de devenir de véritables acteurs de ce projet. Je rêve de pouvoir rassembler des gens, créer une équipe qui se pencherait sur cette transmission, en mobilisant nos compétences et notre enthousiasme pour la mener à bien.

Il s’agit, en quelque sorte, de se réapproprier l’agriculture à travers un modèle durable. Ce serait un projet collectif fondé sur la participation, en reconnaissant le rôle essentiel des producteurs et en leur témoignant respect et gratitude.

La coopérative, une bonne solution pour une transition harmonieuse

En réfléchissant aux solutions possibles et avec l’aide de personnes engagées (et malines !), l’idée à émerger de créer une coopérative, financée en partie grâce au crowdfunding. Une telle structure pourrait s’inspirer de « Ma Ferme ».

Cette coopérative, située à Enghien, est un lieu à la fois dynamique et novateur, dédié à l’entrepreneuriat agricole éco- et socio-responsable et avec pour ambition de renouer le contact entre producteurs.trices et consommateurs.trices autour de pratiques nourricières respectant l’homme et la planète.

Aujourd’hui, 1200 coopérateurs sont co-propriétaires de Ma Ferme et le plus gros coopérateur ne détient que 1% du capital, la ferme est donc une vraie propriété collective.

Au sein des bâtiments s’installent plusieurs producteurs et artisans qui exercent des métiers complémentaires et se renforcent mutuellement. Et autour d’eux, plusieurs fermiers et commerçants participent à leur émancipation.

Ma Ferme, un modèle de cooopérative

Sur le modèle de Ma Ferme, la coopérative, créée autour de la Ferme de Chantal et Freddy, pourrait ainsi :

  • accueillir et servir des producteurs.trices et artisan.e.s à impact environnemental et social positif et de créer des liens et des synergies entre elleux ;
  • développer les échanges, à la fois sociaux et commerciaux, entre producteurs.trices et consommateurs.trices pour recréer ce lien perdu et permettent à chacun.e de bénéficier d’une agriculture et d’une alimentation de qualité ;
  • expérimenter et diffuser un nouveau modèle d’entreprise agricole, au bénéfice de la création d’emplois locaux, l’intégration de personnes fragilisées, la valorisation de la diversité et les liens sociaux.

Pas besoin d’aller le chercher très loin, le système alimentaire idéal…

Rédacteur : Antoine Guccione