31 octobre 2024
Humundi race 2024
Lire la suite11 janvier 2024
Membre de la société de la science du sol.
Bolivie
La dégradation et la désertification des sols sont très préoccupantes en Bolivie. Selon le ministère du développement rural et des terres, « l’érosion des sols est le principal facteur de dégradation, suivi du compactage, de la salinisation et de la contamination. » Selon la Plateforme nationale des sols, la dégradation des sols a augmenté de 86 % entre 1954 et 1996. Cela signifie que chaque année, environ 114 tonnes de sol par hectare ne sont plus utilisables à des fins agricoles. Depuis 40 ans, c’est un tiers du territoire bolivien qui a été modifié et est aujourd’hui dégradé.
La dégradation et la désertification des sols sont très préoccupantes en Bolivie. Selon le ministère du développement rural et des terres, « l’érosion des sols est le principal facteur de dégradation, suivi du compactage, de la salinisation et de la contamination. » Selon la Plateforme nationale des sols, la dégradation des sols a augmenté de 86 % entre 1954 et 1996. Cela signifie que chaque année, environ 114 tonnes de sol par hectare ne sont plus utilisables à des fins agricoles. Depuis 40 ans, c’est un tiers du territoire bolivien qui a été modifié et est aujourd’hui dégradé.
Et les régions les plus touchées sont celles où habite la moitié de la population (6,4 millions d’habitants) et dont l’écrasante majorité vit déjà dans une très grande pauvreté.
La dégradation des sols mais aussi de la végétation sont principalement dus à des activités anthropiques : changements dans l’utilisation des terres pour des activités agricoles et d’élevage ; surpâturages, absence de périodes de jachère et exploitations agro-industrielles pour des cultures à forte demande commerciale, comme le soja ou le quinoa; utilisation incontrôlée de produits agrochimiques et d’hydrocarbures ; abattage, brûlage et incinération inconsidérés des forêts ; grandes initiatives de développement ou des mégaprojets, notamment d’extraction, mis en oeuvre sans précautions environnementales ; processus de colonisation spontanée ; étalement urbain et/ou absence de gestion de l’environnement urbain en matière de traitement des eaux usées et des déchets solides.
Autre dégradation : la salinisation. Elle est la conséquence de processus naturels (primaires) mais également anthropiques (secondaires) tels que les projets d’irrigation à grande échelle, souvent mal conçus. Actuellement, l’irrigation des terres agricoles représente 70 % des prélèvements d’eau souterraine et d’eau de surface et, dans certaines régions, la concurrence pour les ressources en eau oblige les irrigants à prélever de l’eau à un rythme insoutenable.
Ces activités anthropiques favorisent l’action de certains agents naturels tels que la pluie, le vent et d’autres sur les sols, provoquant une perte continue de leur capacité de production. Et ceci alors même que les sols agricoles et forestiers de notre pays sont généralement fragiles et faible couverture végétale (surtout dans les zones arides et sèches), en raison des conditions climatiques et du fait qu’il s’agit de sols jeunes. C’est un véritable cercle vicieux.
L’acidification, la contamination et la salinisation des sols entraînent des changements dans la chimie des sols qui peuvent, une fois que des seuils spécifiques sont dépassés, conduire à une diminution significative des rendements des cultures. Ceci affecte la sécurité alimentaire mais également la qualité des aliments pour la population bolivienne et ce, principalement dans les zones à vocation productive et les zones de production stratégiques.
L’Agenda patriotique 2025 propose ainsi l’extension de la surface agricole de trois millions d’hectares, actuellement à 13 millions d’hectares. Mais voilà qui entretient ce cercle vicieux. Et si la superficie ensemencée augmente, il n’y a aucune garantie que les rendements augmentent.
Dans les zones où des projets de coopération internationale liés aux sols ont été réalisés, il y a eu des avancées intéressantes en termes de sensibilisation des familles de producteurs à l’entretien durable des sols. Cependant, dans les projets mis en oeuvre par le gouvernement il n’y a pas eu beaucoup de succès, parce qu’il s’agissait surtout de programmes et de projets de promotion médiatique, générant des concours dans les communautés où les agriculteurs ont fait des efforts dans la mise en oeuvre de pratiques de protection et de récupération des sols mais sans objectifs de durabilité. Les résultats n’ont donc pas été bons.
Au niveau national, 51% des sols du territoire national souffrent d’érosion éolienne et hydrique, de compactage, de salinisation et de contamination, couvrant une superficie de plus de 56 millions d’hectares. Cette situation a un impact important sur la sécurité alimentaire de la population, il est donc nécessaire de disposer d’un cadre juridique pour réglementer l’utilisation, la gestion, la conservation, la protection et la récupération des sols détériorés et dégradés dans les zones à vocation productive et les zones de production stratégiques du pays. Mais bien que des propositions aient été faites pour contrôler la conservation des sols,comme par exemple la loi sur les sols, aucune loi ou règlement n’a encore été approuvée par l’Assemblée législative plurinationale.
Rédactrices : Loula Thiebergien et Géraldine Higel